L’histoire de mon atelier

Le 495 Route de la Mer

Voici l’histoire de mon atelier galerie à Sainte-Flavie. Ouf, par où commencer? Je crois que je vais commencer au tout début, quelques années avant la transformation en boutique, durant mes années de jeune entrepreneur plein de courage et de coeur à l’ouvrage.

Épisode 1: Le garage

Printemps 1996, le petit garage Shell à l’intersection de la municipalité de Sainte-Flavie était à vendre. Une petite affiche posée dans le coin de la vitrine a facilement attiré l’attention de Marcel, mon père, lors de son plein d’essence. L’histoire se passa très vite et, quelques semaines plus tard, j’étais l’heureux propriétaire d’une station service au croisement de la route 132, là où la route revient sur elle-même après son long périple autour de la Gaspésie. Mais moi, dans ces années-là, mon rêve était d’avoir un dépanneur. Après un agrandissement et quelques rénovations, j’avais donc une station service et un dépanneur. Ce que je ne vous ai pas dit encore, c’est qu’après seulement 11 jours, après être passé chez le notaire, il y a eu un événement qui changea ma vie. La guerre de prix sur l’essence et le rachat des stations service Shell par Pétro-Canada. Les marges de profits ont fondu comme neige au soleil. Ce qui fit que, 5 années plus tard, à bout de souffle et de ressources, je pris la décision de fermer le garage ainsi que mon rêve-cauchemar: Le dépanneur.

Épisode 2: Art Station

C’est en 2001 que je décidais de faire table rase de mon rêve de jeunesse et de partir à la conquête du monde des boutiques et des galeries d’art. Ah oui! J’oubliais, je rêvais des cafés également. Après un printemps chargé en émotions et en heures de travail acharné avec Marcel, la porte d’arche qui représente «Les portes de la Gaspésie» vit le jour . La sculpture trône encore fièrement devant mon atelier galerie d’art. Art Station était donc prêt à ouvrir pour la St-Jean-Baptiste. Le bâtiment était séparé en trois sections plus ou moins délimitées. Dans l’ancien dépanneur se trouvait la galerie d’art qui exposait des tableaux et sculptures de Marcel Gagnon. Si vous avez bien suivi, ce Marcel est mon père. À l’autre extrémité, côté garage, se trouvait un petit café qui se prolongeait dehors lors des jours de soleil sans vent grâce aux portes de garage. Au milieu de tout cela se trouvait une petite boutique avec des produits artisanaux de la région. Dans la boutique, il y avait aussi deux murs ornés de tableaux. L’un réservé à l’artiste peintre Johanne Doucet du Bic et l’autre à un artiste peintre naïf très connu dans ma famille, mon frère Guillaume. Je crois que je détiens un record pour le café ayant fermé après seulement 4 semaines. Je l’ai fermé durant une nuit, au milieu des semaines de vacances de la construction avec l’aide de mon beau-frère Dany. La veille de cette fermeture, un couple est venu prendre un café en après-midi et, le lendemain matin, ils étaient très surpris de découvrir une boutique à l’endroit même où ils avaient bu leur breuvage. Disons que le café, ce n’était pas ma tasse de thé. Bon, pour revenir à l’art, j’étais entouré de tableaux et je ne peignais pas. Je ne sais pas si vous le savez, mais le premier mardi de septembre, celui juste après la fête du Travail, ça devient assez tranquille en Gaspésie. Entre les clients de ma boutique, je décidai de commencer à peindre. Trop timide encore pour le faire devant témoins comme maintenant, mais dans le bureau-entrepôt à l’arrière de la boutique. C’est aussi cette année-là que La Route des Arts de Sainte-Flavie vit le jour, je vous en reparlerai assurément dans un article consacré uniquement à La Route des Arts.

Épisode 3: Galerie Jean-Pierre Gagnon

Après un hiver à peindre entrecoupé par la pose de pneus d’hiver et d’été dans un garage de la région (il faut bien manger aussi) j’entrepris la saison 2002 avec quelques tableaux de ma propre création. Wow! En plus d’aimer peindre, je pouvais en vivre. Une saison touristique plus tard, je savais en moi ce qui me passionnait vraiment, la peinture et les arts. Durant la saison morte, je décidai donc de changer le nom de Art Station pour celui de Galerie Jean-Pierre Gagnon.

Avec les années, ma peinture évoluait à vitesse grand V et la peinture agissait sur moi comme une drogue addictive. Je me sentais de plus en plus artiste peintre entrepreneur plutôt qu’entrepreneur artiste peintre. Tout semblait maintenant à sa place. Tout à sa place jusqu’à… Durant l’automne, mon frère Guillaume m’annonça qu’il se construisait une maison et que cela allait libérer une place dans le Centre d’Art du côté de la galerie d’art, là où il vivait avec sa jeune famille. Peu de temps après, une personne me fit une offre d’achat pour mon commerce et là, devinez quoi, je décidai de vendre et d’aller exposer mes tableaux au deuxième étage du Centre d’art. Ironiquement, l’espace qui m’était réservé faisait partie de mon ancienne chambre, celle où j’avais passé du bon temps lors de mon adolescence. C’était quand même une décision importante, car je venais de vivre une très belle saison à ma Galerie d’art.

Épisode 4: Boutique l’Artisan 100% original

Je commence à penser que cela sera difficile de faire une histoire courte. Mais bon, je tente de condenser tout de même beaucoup. Vous êtes chanceux que je ne tape pas très vite au clavier. Bref, après plusieurs mois de stress et de «manque un papier par-ci par-là», la transaction tomba à l’eau ou échoua (à Ste-Flavie, sur le bord de la mer, on utilise ces deux expressions). Le printemps venu, je décidai donc d’agrandir ma boutique dans le côté galerie d’art. Je restais alors fidèle à mon plan du moment, celui d’aller peindre avec ma famille au Centre d’art. Exposer et peindre dans la même galerie d’art que sa mère, son père, son frère et sa soeur, ça n’arrive quand même pas tous les jours. Que du bonheur! Ma passion pour la peinture continuait d’augmenter en même temps que mes ventes. Je ne sais pas si vous me voyez venir, mais une boutique pleine d’artisanats et de colliers, ne peut pas s’appeler Galerie Jean-Pierre Gagnon. Un soir, vers 23 heures, j’essayai donc de changer le nom du commerce sur le site du Registraire des entreprises Canada. Je tentai de modifier « Galerie Jean-Pierre Gagnon» par «Boutique l’Artisan». Le programme ne voulait toutefois pas accepter mon nom, il avait écrit un message d’erreur dans le style de :« Votre nom d’entreprise doit contenir quelque chose d’original» et citait un exemple dont je ne me souviens plus. Je sélectionnai le mot original sans le e avec la souris, fis un «copier-coller» et je rajoutai 100% après, juste pour être certain que ce soit assez original pour le programme informatique. Mon nouveau nom de boutique était enfin trouvé. Boutique l’Artisan 100% original était devenu ma marque de commerce. Ma conjointe qui passait par là n’en croyait pas ses yeux.

Épisode 5: L’atelier du peintre Jean-Pierre Gagnon

Après plusieurs années de peinture, de passion et de ventes intensives, l’Atelier du peintre Jean-Pierre Gagnon arriva. Mon art et mes affaires allaient pourtant très bien. Peut-être avais-je besoin d’indépendance ou de plus d’espace. Pour être franc, je ne le sais toujours pas encore. Peut-être est-ce parce que ça allait trop bien! Je décidai comme ça, un bon matin, de m’en retourner sur le coin. Je fais ici référence aux descriptifs de mon commerce par les gens de la place. Re-déménager a tout de même été éprouvant mentalement, car pour l’une des rares fois dans cette aventure, je vivais bien de ma peinture. La première année, j’ai opéré mon immeuble en y réservant la moitié pour mon atelier galerie d’art, et l’autre pour la boutique. L’année suivante, je coupai encore la moitié de la boutique. Maintenant, j’ai un très grand atelier avec une galerie d’art ainsi qu’un petit coin cadeaux fait à partir de mes oeuvres. Et devinez quoi? Le nom de Boutique l’artisan 100% original ne va plus très bien avec un atelier et une galerie d’art…..

Jean-Pierre Gagnon

Artiste peintre passionné